Le processus de construction identitaire

L’identité et le processus de construction identitaire 

Introduction : l’identité et la construction identitaire, qu’est-ce que c’est ? 

L’identité est centrale dans la construction identitaire. L’identité est « l’ensemble organisé des sentiments, des représentations, des expériences et des projets d’avenir se rapportant à soi » (Marti, 2008). L’identité se construit de manière dynamique. Avec un mouvement d’assimilation et de différenciation. On y trouve également un mouvement d’identification aux autres et de distinction par rapport à eux (Marc, 2016).  

La construction identitaire est un phénomène complexe et multidimensionnel propre à chaque être humain.  La construction identitaire est un processus qui se réalise avant notre naissance, durant notre enfance, notre adolescence et qui se poursuit tout au long de notre vie à des intensités et des rapports différents. En effet, la construction identitaire est un processus complexe qui se construit par notre identité biographique (environnement socioculturel, éducation). Mais elle évolue aussi tout au long de la vie aussi avec l’identité d’actualisation (actualisation des expériences de vie et de nos valeurs).  

Dans cet article, je vous propose d’analyser en détail le processus de construction identitaire.  

La construction identitaire de l’enfant, un procédé d’identification biographique des rôles et des modèles    

Le processus de construction identitaire démarre avant même notre naissance avec la perception des parents sur l’enfant. Ce chapitre identitaire existe chez les parents comme une anticipation dans la préconception de l’individu, sa construction et son éducation. En effet, en fonction de plusieurs déterminants comme le sexe, le prénom, l’enfance s’inscrit déjà dans une première forme d’individualisation (Marc, 2016). 

Ce contexte prend forme dès la naissance, la famille va accompagner le jeune individu dans l’interprétation de ses réactions, comportements et traits de caractère. Cet échanges conduit l’enfant à se projeter dans une image futur de lui-même. Le discours apparaît ainsi comme une des origines à la formation de l’identité chez les jeunes personnes. Toutefois, l’enfant n’a pas conscience directement de son identité, ce n’est que progressivement avec la perception de son corps et des interactions dans son environnement, qu’il acquiert un réel sentiment de soi (Marc, 2016). 

Entre 1 et 3 ans, l’âge varie selon les recherches, le jeune individu apprend à reconnaître son double dans un miroir. Ce mécanisme le renvoie à sa propre image de soi par un procédé d’objectivation et d’appropriation. 

  • L’objectivation est le fait que l’enfant appréhende son environnement extérieur. 
  • L’appropriation consiste, pour l’enfant, à mettre en lien son apparence physique avec les expériences internes qu’il ressent. 

Cette étape comprend, notamment, l’utilisation du « je » qui est une des premières formes d’émergence d’un sentiment d’individualité chez l’enfant. 

L’identification à des modèles et des rôles

Un des éléments majeurs de ce chapitre identitaire est aussi l’identification à des modèles et rôles. Cette identification ne se fait pas seulement par la famille et notre environnement, mais aussi par les normes auxquelles nous souhaitons adhérer. L’identification prend ici une conception plus large avec des déterminants comme : la classe sociale, groupe d’âge, club sportif, identité nationale (Marti, 2008 ; Marc, 2016). 

Aux alentours de 7 ans, l’enfant est en mesure de caractériser le regard des autres et de développer son empathie. Il prend conscience de différentes identités liées aux relations qu’il entretient avec son environnement scolaire (enfant, élève, camarade de classe). L’identification se fera autant avec les groupes d’appartenances, que les références ou modèles qu’il souhaite intégrer. Ces différents rôles vont être intériorisés par l’enfant et le conduire à construire son identité sociale (Marti, 2008 ; Marc, 2016). L’identité sociale renvoie aux attributs et aux statuts propres aux catégories sociales auxquels l’individu se réfère. 

Selon Morin (1980), « L’identité constitue une sorte de bouclage indissoluble entre similitude et différence ». 

La construction identitaire de l’adolescent et du jeune adulte, un procédé d’actualisation entre exploration et engagement         

Dans cette partie, nous développons les modèles théoriques du développement de l’identité chez l’adolescent et le jeune adulte. Le chapitre identitaires de l’adolescence est marqué principalement par l’intériorisation et l’expérimentation de différents rôles sociaux. 

Le développement de l’identité à l’adolescence comprend deux approches considérées comme des références majeures : le développement du concept de soi et l’approche théorique d’Erickson.  

Dans la vision d’Erickson, l’identité regroupe des éléments du passé (histoire personnelle), des caractéristiques du présent (besoins, traits de personnalité) et des attentes du futur. L’adolescent expérimente différents rôles sociaux avec un processus de questionnement et d’intégration de ses domaines de vie. Ce processus développe chez l’adolescent une forme de flexibilité à deux niveaux (Marti, 2008) :

  • D’un point de vue social avec l’intégration de l’individu dans la société et,
  • individuellement parlant par une forme de bien-être et de confiance. 

L’identité personnelle

On parle alors ici d’identité personnelle, celle-ci s’attarde sur deux notions, l’exploration et l’engagement (Marti, 2008). L’exploration est un processus de recherche rattaché à l’orientation de nos choix dans des domaines de vie (profession, religion, politique). Quant à l’engagement, il fait référence à l’adhésion d’un ensemble de valeurs, but et croyances. 
L’identité personnelle apparaît donc comme un procédé d’exploration qui conduit à des engagements individuels ou des engagements possibles. Ces deux dimensions ont permis d’établir quatre statuts propres à la formation de l’identité (ajustement psychosocial) : 

  • La réalisation identitaire (forte exploration et fort engagement) 
  • La forclusion identitaire (faible exploration et fort engagement) 
  • Le moratoire identitaire (forte exploration et faible engagement) 
  • La diffusion identitaire (absence d’engagement). 

La phase d’indécision

La problématique pour l’individu est de se retrouver dans une phase d’indécision. Il peut être dans l’exploration de son soi, mais sans aboutir à des choix, des engagements personnels. Cette phase d’indécision peut amener l’individu vers des conflits intériorisés et des problématiques anxio-dépressive (Lannegrand-Willems, 2012). Dans le même contexte, on trouve aussi des problématiques liées aux phases d’exploration qualifiées de ruminative. Ici, l’individu se retrouve bloqué dans des phases d’exploration en continu sans aboutir encore une fois à des choix finaux. 

D’autres recherches sont en accord sur le fait que l’objectif de la réalisation identitaire à l’adolescence est l’autonomisation (Lannegrand-Willems, 2012). Donc, dans la mesure où il participe à la construction de son identité personnelle, l’individu trouve un accord entre ses intérêts, ses valeurs, ses capacités et les opportunités présentes dans son environnement. 

L’identité culturelle, une variable modératrice à l’identité 

La culture d’un pays est indéniablement une variable modératrice à l’identité dans la mesure où elle l’inscrit l’individu dans tout un environnement systémique avec ses propres règles, normes, loi.  La culture d’un pays impacte donc le choix dans la prise de décision de nos valeurs par la conscientisation de cet environnement. 

On parle alors d’identité culturelle tout ce qui est commun et partagé entre les membres d’un groupe, une communauté, une origine : les règles, les valeurs et les normes. L’appartenance à une culture correspond en une adhésion aux normes et valeurs de celle-ci. 

La connaissance de son environnement culturel permet de mieux comprendre autrui que ce soit dans sa façon de penser, ses attitudes et ses comportements. Cela développe aussi notre capacité à mieux discerner ce qui nous correspond par d’autres façons de se situer (Marti 2008). Cela vaut aussi pour les environnements professionnels et les cultures d’entreprise.

Conclusion 

La construction identitaire de l’enfance à l’adolescence est un parcours complexe et parsemé de plusieurs notions à prendre en compte. L’identité personnelle et l’identité sociale représentent un socle aujourd’hui aux recherches sur l’identité en tant que processus dynamique et évolutif. Cependant, cette construction n’est pas sans risques, elle peut mener pour certains à des ruptures, des crises personnelles, et donc appeler une prise en charge par des professionnels. Il est fondamental d’intégrer cette dimension à tout accompagnement, notamment de coaching.