La perte de sens au travail

Introduction : la perte de sens au travail

La perte de sens au travail ou brown out peut provoquer de nombreuses répercussions sur l’individu. En terme de souffrance et de santé mentale et physique. Elle représente un enjeu majeur dans les mutations économiques et sociales actuelles. 

En effet, la perte de sens est due à 43% au manque de reconnaissance dans les organisations (Deloitte 2017). Les salariés se trouvent à douter de leur rôle et de l’importance de leur fonction. On constate que 29% des salariés français ne percevaient pas le sens et l’utilité de leur emploi en 2020. En effet, 9 salariés sur 10 considèrent le sens comme un enjeu et souhaiterait que leur entreprise apporte un sens à leur travail (Ipsos 2020). 

La solution a été d’orienté les recherches vers une meilleure compréhension de ce qu’est le sens. Cette quête de sens apporte de nombreux bienfaits comme contribuer à un accomplissement de soi. Il se trouve que les questionnements sur le sens au et du travail sont comme des éléments de compréhension pour répondre à cette problématique professionnelle. Enfin depuis de nombreuses années, les psychothérapies centrées sur le sens se sont développées pour répondre à ce type de crise (Sarfati, 2018).  

Perte de sens au travail et impact 

La perte de sens est définie par Frankl (1988) comme une « névrose noogène ». Cette névrose est liée à une dynamique existentielle. Comme la perte de nos valeurs ou un sentiment de dévalorisation (Sarfati, 2018). La Perte de sens est la douleur et le malaise ressentis suite à la perte de ses objectifs. Et également à l’incompréhension complète de son rôle dans son environnement social et professionnel (Baumann, 2018). Différents syndromes en lien avec la perte de sens procurent chez le salarié une réelle souffrance. Ils peuvent entraîner des états de crises comme : 

  • Le burn-out qui se manifeste par un sentiment d’épuisement physique et émotionnel lié à son métier.
  • Le bore-out qui renvoie à un ennui au travail.
  • Enfin, le brown-out est lié à un métier contraire aux valeurs profondes de l’individu en le conduisant vers un désengagement progressif (Baumann, 2018).   

Le désengagement

L’individu en brown out peut se désengager de son métier et perdre de l’intérêt. Il peut ressentir une grande insatisfaction et avoir un absentéisme accru. Ces éléments provoquent un impact financier considérable sur l’entreprise. Les recherches centrées sur le sens se sont développées pour trouver des solutions à ces crises (Sarfati, 2018). 

Garreau (2009) définit le sens de la manière suivante. « Le résultat de l’activité d’un individu qui se saisit de la réalité externe au travers d’éléments cognitifs, des finalités de l’individu et des émotions et sensations qu’il ressent ». Le sens est donc défini comme une recherche de cohérence entre soi et le monde, par la poursuite et l’atteinte de buts et par un sentiment d’accomplissement de soi.

Dans la littérature organisationnelle, le sens du et au travail constitue un facteur de protection face à des éléments comme le brown out. Morin et al. (2009) les ont distingués : 

  • Le sens du travail se rapporte aux tâches ou aux activités qui s’inscrivent dans un rôle, une fonction. Il est lié à la représentation et à l’environnement de travail. Il en ressort que le sens du travail est avant tout une question de signification, d’orientation et de cohérence. Entre notre raison d’être, notre travail et notre environnement de travail.
  • Le sens au travail correspond à la participation d’un individu à l’atteinte d’objectifs. Il s’applique aux relations qu’une personne entretient dans son milieu de travail. Il est étroitement lié à la question de l’engagement d’un individu. Six caractéristiques sont considérées comme les prérequis du sens au travail. L’utilité du travail, les occasions d’apprentissage, la rectitude soutenue, la coopération, la qualité des relations dans son environnement de travail. 

Solutions courantes pour sortir d’un brown out 

Plusieurs psychothérapies et techniques d’accompagnement axées sur le sens existent. La logothérapie est la première psychothérapie centrée sur le sens par Frankl (1988). Cette pratique comprend des méthodes issues de la psychologie humaniste, la psychanalyse, la psychologie individualiste, la phénoménologie ainsi que la théorie de la motivation (Sarfati, 2018). C’est une thérapie verbale fondée sur le dialogue pour répondre à une souffrance existentielle.

On retrouve aussi la psychothérapie existentielle de Yalom (2013) qui expose quatre enjeux majeurs :

  • La peur de la mort et notre rapport à celle-ci possèdent un impact sur notre construction interne.
  • La liberté dans nos décisions, nos actions et dans la conscientisation de nos responsabilités.
  • L’isolement renvoie au fait que nous devons apprendre à être en lien avec ce monde.
  • l’absence de sens est une caractéristique qui nécessite de consacrer du temps et de la réflexion. 

Yalom (1980, 2013) ajoute que certaines activités peuvent renforcer un sentiment de finalité pour les êtres humains comme : l’altruisme ; le dévouement à une cause ; la créativité. Selon Bernaud et al, (2019), ces activités peuvent être « la méditation, le questionnement socratique, le travail sur le rêve, le développement de la qualité de vie ». 

Sortir d’une situation de brown-out avec le coaching

Dans une situation de brown-out ou de crise, l’individu est donc en mesure de pouvoir développer des stratégies comportementales lui permettant de solliciter sa capacité de résilience. Cette capacité représente la capacité de se délier d’un traumatisme et de se reconstruire après un choc. La résilience individuelle et organisationnelle pourrait contribuer au sens d’un individu en tant qu’outil répondant à des problématiques identitaires, d’adaptation et de mise en action. Des transformations résilientes sont donc envisageables par l’accompagnement de tuteurs spécialisés (Teneau, 2021). Ces tuteurs s’intègrent aux techniques d’accompagnements actuelles (mentorat tutorat, coaching).  

Les pratiques de coaching orientent l’individu vers l’atteinte d’objectifs en le responsabilisant et l’accompagnant dans l’apprentissage de nouvelles compétences et capacités. En effet le coach va questionner son client de manière à faire ressortir son système de valeurs. Le client déclinera ses valeurs en plan d’action en passant d’une logique de sens à une logique comportementale, on parle alors d’une logique de congruence. Le rôle du coach réside dans la réflexion induite par l’individu sur soi et sa propre réalité en vue d’un accomplissement de soi (Cloët et Al., 2011). Ainsi, l’intervention de coaching apparaît comme un accompagnement à la recherche de sens d’un individu et particulièrement en apportant une dynamique directionnelle (Bouillon et Paraschiv, 2020) et une réflexion sur nos valeurs (Cloët et Al., 2011) en vue d’un accomplissement de soi (Leclerc, 2002). 

Pour conclure sur la perte de sens au travail

Si l’individu ne perçoit pas de sens dans son travail ou dans son milieu professionnel, il peut être confronté au phénomène de perte de sens ou brown out. Le brown out est perçue, dans le domaine de la santé, comme un mal-être chez un individu qui ne comprend plus ses objectifs de travail et son rôle dans l’entreprise.

Le sens du travail est avant tout une question de signification, d’orientation et de cohérence entre notre raison d’être, notre travail et notre environnement de travail. La signification est la représentation qu’une personne se fait du travail et de la valeur qu’elle lui attribue. L’orientation correspond en ce que la personne recherche au travers de son travail. 

Le sens au travail correspond à la participation d’un individu à l’atteinte d’objectifs. L’engagement des individus envers l’action collective en entreprise dépend du sens qu’ils mettent dans leur travail et de la relation qui les y lie. De nombreuses ressources en terme d’accompagnement sont possibles que ce soit par des psychothérapies spécialisés sur ces questions ou encore par des tuteurs de résilience comme le coaching.