La perte de sens au travail
Kevin Camhi
1 décembre 2022

Introduction : la perte de sens au travail
La perte de sens au travail ou brown out peut provoquer de nombreuses répercussions sur l’individu. En terme de souffrance et de santé mentale et physique. Elle représente un enjeu majeur dans les mutations économiques et sociales actuelles. En effet, la perte de sens est due à 43% au manque de reconnaissance dans les organisations (Deloitte 2017). Les salariés se trouvent à douter de leur rôle et de l’importance de leur fonction. On constate que 29% des salariés français ne percevaient pas le sens et l’utilité de leur emploi en 2020. En effet, 9 salariés sur 10 considèrent le sens comme un enjeu et souhaiterait que leur entreprise apporte un sens à leur travail (Ipsos 2020). La solution a été d’orienté les recherches vers une meilleure compréhension de ce qu’est le sens. Cette quête de sens apporte de nombreux bienfaits comme contribuer à un accomplissement de soi. Il se trouve que les questionnements sur le sens au et du travail sont comme des éléments de compréhension pour répondre à cette problématique professionnelle. Enfin depuis de nombreuses années, les psychothérapies centrées sur le sens se sont développées pour répondre à ce type de crise (Sarfati, 2018).Perte de sens au travail et impact
La perte de sens est définie par Frankl (1988) comme une « névrose noogène ». Cette névrose est liée à une dynamique existentielle. Comme la perte de nos valeurs ou un sentiment de dévalorisation (Sarfati, 2018). La Perte de sens est la douleur et le malaise ressentis suite à la perte de ses objectifs. Et également à l’incompréhension complète de son rôle dans son environnement social et professionnel (Baumann, 2018). Différents syndromes en lien avec la perte de sens procurent chez le salarié une réelle souffrance. Ils peuvent entraîner des états de crises comme :- Le burn-out qui se manifeste par un sentiment d’épuisement physique et émotionnel lié à son métier.
- Le bore-out qui renvoie à un ennui au travail.
- Enfin, le brown-out est lié à un métier contraire aux valeurs profondes de l’individu en le conduisant vers un désengagement progressif (Baumann, 2018).
Le désengagement
L’individu en brown out peut se désengager de son métier et perdre de l’intérêt. Il peut ressentir une grande insatisfaction et avoir un absentéisme accru. Ces éléments provoquent un impact financier considérable sur l’entreprise. Les recherches centrées sur le sens se sont développées pour trouver des solutions à ces crises (Sarfati, 2018). Garreau (2009) définit le sens de la manière suivante. « Le résultat de l’activité d’un individu qui se saisit de la réalité externe au travers d’éléments cognitifs, des finalités de l’individu et des émotions et sensations qu’il ressent ». Le sens est donc défini comme une recherche de cohérence entre soi et le monde, par la poursuite et l’atteinte de buts et par un sentiment d’accomplissement de soi. Dans la littérature organisationnelle, le sens du et au travail constitue un facteur de protection face à des éléments comme le brown out. Morin et al. (2009) les ont distingués :- Le sens du travail se rapporte aux tâches ou aux activités qui s’inscrivent dans un rôle, une fonction. Il est lié à la représentation et à l’environnement de travail. Il en ressort que le sens du travail est avant tout une question de signification, d’orientation et de cohérence. Entre notre raison d’être, notre travail et notre environnement de travail.
- Le sens au travail correspond à la participation d’un individu à l’atteinte d’objectifs. Il s’applique aux relations qu’une personne entretient dans son milieu de travail. Il est étroitement lié à la question de l’engagement d’un individu. Six caractéristiques sont considérées comme les prérequis du sens au travail. L’utilité du travail, les occasions d’apprentissage, la rectitude soutenue, la coopération, la qualité des relations dans son environnement de travail.
Solutions courantes pour sortir d’un brown out
Plusieurs psychothérapies et techniques d’accompagnement axées sur le sens existent. La logothérapie est la première psychothérapie centrée sur le sens par Frankl (1988). Cette pratique comprend des méthodes issues de la psychologie humaniste, la psychanalyse, la psychologie individualiste, la phénoménologie ainsi que la théorie de la motivation (Sarfati, 2018). C’est une thérapie verbale fondée sur le dialogue pour répondre à une souffrance existentielle. On retrouve aussi la psychothérapie existentielle de Yalom (2013) qui expose quatre enjeux majeurs :- La peur de la mort et notre rapport à celle-ci possèdent un impact sur notre construction interne.
- La liberté dans nos décisions, nos actions et dans la conscientisation de nos responsabilités.
- L’isolement renvoie au fait que nous devons apprendre à être en lien avec ce monde.
- l’absence de sens est une caractéristique qui nécessite de consacrer du temps et de la réflexion.